Entretien avec Marie-Pierre Pruvot


Monika & Elaine: Aujourd'hui, c'est notre plaisir et l'honneur d'interviewer Marie-Pierre Pruvot, l'une des plus inspirantes femmes trans en France, un ancien de showgirl Le Carrousel de Paris, actrice, professeur de littérature française, l'auteur de deux livres biographiques. Bonjour, Marie-Pierre!
Bonjour chères amies.
Monika & Elaine: La culture française cabaret transgenre est considéré comme l'un des éléments les plus importants de l'histoire de femmes trans en France. Votre montre inoubliable chez Madame Arthur et la Carrousel a attiré beaucoup d'intérêt, ce qui a aidé le public à se familiariser avec le phénomène trans. Comment pouvez-vous me rappeler ces années?
Marie-Pierre: Je quitte Alger à 18 ans et je viens à Paris travailler chez Mme Arthur et au Carrousel. Nous sommes en 1953. Coccinelle a 22ans. Elle est déjà célèbre en France et dans l’Empire français.

Coccinelle en blonde et moi en rousse
en 1954. Elle est déjà la vedette du
Carrousel, moi je débute.

Elle est en France la seule trans dans le spectacle. Lili Elbe nous est conue, de même que Christine Jorgensen USA ou Roberta Cowel UK et Michel Marie Poulain en France. Mais nous ne les considérons pas comme des exemples convaincants.
Nous restons dans un spectacle de travestis en attendant. Peu à peu, les trans deviennent plus nombreux que les travestis.
Monika & Elaine: C'est aussi la période où vous avez rencontré d'autres célèbre showgirls trans: Coccinelle et April Ashley.
Marie-Pierre: Le Carrousel est alors très célèbre dans le monde entire. Des trans qui ne peuvent pas vivre librement dans leur pays viennent à paris comme l’Américaine Sonne Teal (1955) l’Anglaise April Ashley (1956/1957) de toute l’Europe et même d’Australie.
Le spectacle est magnifique et nous faisons des trounées dans tout le monde. Les USA et UK nous interdisent l’accès à leur pays.
Monika & Elaine: Coccinelle et April Ashley est devenu des stars, alors que vous avez décidé de choisir un chemin différent. Vous avez étendu votre éducation et devint un professeur lycéen. Il était difficile de renoncer à la revue glamour tenues pour un uniforme scolaire?
Marie-Pierre: Je n’ai pas déserté le Carrousel. J’y suis restée meneuse de revue pendant 20 ans. C’est à 38ans seulement que j’ai renoncé au spectacle et que je suis devenue profvesseur de littérature française parce que c’est ma passion et que les transsexuelles ned sont plus une nouveauté. J’ai aimé à égalité mon métier d’artiste et mon métier de professeur.

Une photo dans les coulisses
avant de passer en scène 1959.

Monika & Elaine: Vous avez écrit deux livres biographiques: “J'inventais ma vie. Éditions Osmondes” (2003), et “Marie parce que c'est joli” (2007). Quels aspects de votre expérience peut être utile pour d'autres femmes trans?
Marie-Pierre: J’ai une autre passion, c’est l’écriture. J’ai écrit mon autobiographie: Marie parce que c’est joli. L’édition est épuisée.
C’est à partir de ce texte que le réalisateur Sébastien Lifshitz a fait le documentaire: Bambi. J’ai aussi écrit J’inventais ma vie en 5 tomes. C’est une autofiction.
Je préfère l’autofiction à la stricte autobiographie car il suffit de changer les noms et quelques details et on est plus libre pour s’exprimer. J’ai également écrit un roman sur une trans fictive Comme autant de ronds dans l’eau. Et aussi un livre politique: France, ce serait aussi un beau nom. (éditions Ex-Aequo) Je ne cris pas beaucoup que l’expérience des unes puisse être utile aux autres. Il faut savoir ce qu’on desire vraiment et avir le talent et le courage de l’accomplir.
Monika & Elaine: À quel âge avez-vous fait la transition? Il a été un processus difficile?
Marie-Pierre: J’ai commence ma vie en femme à 18 ans avec hormones. J’ai attend l’âge de 25 ans pour faire l’opération car je voulais être sûre du résultat.
Monika & Elaine: Au moment de votre transition, avez-vous des modèles transgenres que vous avez suivie?
Marie-Pierre: A l’époque où je me suis fait opérer plus de 20 personnes étaient déjà allées à Casablanca voir le docteur Burou. C’est en me renseignant à ces maie que j’ai pris ma decision.

Une photo dans la loge avec des camarades du
spectacle On voit April Ashley (Tony April) à coté
de moi. On voit aussi les trois américaines Tania,
Sonne Teal et Les Lee. vers 1958‌.

Monika & Elaine: Y a-t-il des femmes transgenres en France qui vous admirent et respectent maintenant?
Marie-Pierre: J’ignore si on m’admire, mais je suis très respectée, du moins en apparence.
Monika & Elaine: Quel est votre point de vue sur la situation générale des femmes en France, en particulier lorsque vous regardez en arrière sur votre propre expérience des années 1950 et 1960?
Marie-Pierre: Je ne suis pas militante féministe. Pour ma part, dans les années 1954 à 1974 lorsque je faisais du spectacle, j’occupais une situation privilégiée. Dans l’enseignement, de 1974 à 2001 l’égalité homme/femme était strictement respectée.
Monika & Elaine: Quelle était la chose la plus difficile à propos de quand vous étiez ouverte au sujet de votre sexualité?
Marie-Pierre: Ce qui a été le plus pénible dans mon adolescence c’est d’avoir cru que j’étais seule au monde dans mon cas.
Monika & Elaine: Dites-nous comment vous avez ressenti le premier jour que vous a enseigné à l'école?
Marie-Pierre: Le premier jour où j’ai enseigné c’était dans une classe d’élèves entre 16 et 17 ans. Un cours de littérature classique. Je me suis avancée sur l’estrade, un peu comme je faisais en scène, mais je n’avais pas dce mocro, pas ded robe du soir. J’ai pensé à dire bonjour, j’ai souri et j’ai parlé…
Monika & Elaine: La cause transgenre se manifeste généralement avec les autres communautés LGBTQ. Étant la dernière lettre de cette abréviation, comment est la communauté transgenre en mesure de promouvoir sa propre cause dans le groupe LGBTQ?
Marie-Pierre: Les problems trangenres sont multiples et varies, et aussi très différents des autres LGB qui ne les comprennent pas. D’ailleurs, à l’intérieur même des trans, il y a souvent des oppositions entre celles qui passent et veulent vivre comme tout le monde et celles qui ne passent pas et sont regardées d’un drôle d’oeil, et pire.

Une photo prise en scène 1957.

Monika & Elaine: Que pensez-vous en général à propos des dernières nouvelles transgenre ou de personnages qui ont été en vedette dans les films français, les journaux ou les livres jusqu'à présent?
Marie-Pierre: Je ne pense pas grand chose de ce qui se fait aujourd’hui. Les trans s’installent dans la société et font toutes sortes de métiers surtout dans la vie culturelle. C’est très bien ainsi. La société s’habitue et commence à accepter.
A paris, nous nous appeton à render homage à Coccinelle. La mairie de parie lui dédie une “Promenade Coccinelle” que je vais inaugurer le 18 mai en faisant un discours. Coccinelle sera la première trans au monde à donner son nom à une rue.
Monika & Elaine: Participez-vous à des campagnes politiques? Pensez-vous que les femmes transgenres peuvent faire une différence dans la politique?
Marie-Pierre: J’ai des opinions politiques mais je ne participle pas en tant que militante. La campagne présidentielle se présente aujourd’hui comme chaotique. Les trans sont des citoyens comme les autres et ne peuvent pas changer grand chose.
Monika & Elaine: Vous aimez la mode? Quel genre de tenues portez-vous habituellement? Les créations de mode, les couleurs ou les tendances?
Marie-Pierre: J’ai beaucoup aimé la mode. Je l’aime toujours. Un jeune couturier de 24 ans, Mathieu Matachaga se lance à Paris et à Mexico. Il m’a choisie comme mannequin vedette.

Une photo prise en classe en 1974.

Monika & Elaine: Que pensez-vous de concours transgenres de beauté?
Marie-Pierre: En France, je ne connais pas de concours transgenre de beauté, mais je sais par mon amie Holly White, une Américaine qui a travaillé au Carrousel avec moi et qui habite à Honolulu qu’il y a de très beaux concours aux USA.
Monika & Elaine: Pourriez-vous me dire à propos de l'importance de l'amour dans votre vie?
Marie-Pierre: J’ai toujours ressennti le besoin d’aimer et d’être aimée. Cela m’a donné globalement plus de Bonheur que de chagrin.
Monika & Elaine: Travaillez-vous sur de nouveaux projets maintenant?
Marie-Pierre: Mes projets sont toujorus les mêmes: lire et écrire. Il me semble que si je ne pouvais plus écrire, je ne pourrais plus vivre.
Monika & Elaine: Que recommanderiez-vous à tous les jeunes filles aux prises avec des transgenres dysphorie de genre?
Marie-Pierre: Je recommande à toute personne trans à ses débuts de ne rien faire avant de savoir ce qu’elle desire. Celles qui se rendent compte trop tard de leur erreur sont sumises à de cruels repentirs.

La ministre me décore de l'ordre du Mérite 2016.

Monika & Elaine: L’amie de Monika, Gina Grahame, lui a écrit une fois que nous ne devons pas limiter notre potentiel en raison de la façon dont nous sommes nés ou par ce que nous voyons d'autres personnes transsexuelles et transgenres. Nos rêves ne doit pas se terminer sur une table d'opération; c'est là qu'ils commencent. Êtes-vous d'accord avec cela?
Marie-Pierre: Ce que dit Gina Grahame rencontre mon accord profond. Le but de la vie n’est pas d’être trans mais de connaître ses goûts et ses talents et de les developer autant qu’il est possible. Si la transition est necessaire, il faut la faire. Elle n’est pas un but dans la vie. Elle est une condition qui permet à la vie de commencer et à l’être humain de s’épanouir.
Monika & Elaine: Merci pour l’ interview!
Marie-Pierre: Merci, chères amies, je vous embrasse.



April et Bambi il y a trois ans.
Photo Harcourt (prestige) il y a 3 ans.
A Londres pour tourner un doc avec April
Ashley. Il y a trois ans.
Dans une émission de télévision il y a trois mois.


All the photos: courtesy of Marie-Pierre Pruvot.
© 2017 - Monika Kowalska

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